jeudi 19 mars 2009

Stop Quelle violence?


A partir de Stop quelle violence, de Pierre Tevanian et Sylvie Tissot.

La peur de la petite délinquance est un problème largement sur-médiatisé, devenu une construction à cause d'un entraînement mutuel entre:
-une volonté politique idéologique face aux ''banlieues'' et à leur habitants de peur de classe et de xénophobie.
-Des journalistes complaisant: le sang et les larmes font plus vendre qu'un reportage de fond sur le droit du travail.
-Une demande d'une frange de la population, en partie due à cette propagande. On peut relativiser cette dernière composante: en effet un sondage SOFRES de décembre 2006 annonce la ''sécurité des biens et des personnes'' seulement comme la huitième préoccupation des français en vue du débat électoral de la présidentielle de 2007. Loin derrière l'emploi, les retraites, le pouvoir d'achat, le système de santé, le système éducatif, le logement... Seuls 26% des sondés citaient la sécurité (plusieurs réponses possible).

La sociologue Sylvie Tissot et le philosophe Pierre Tevanian ont montré la totale disproportion des moyens, humains ou financiers, déployés ou de la concentration des médias sur le théme de la petite délinquance.
Dans Stop quelle violence (Esprit Frappeur, 2001) les auteurs comparent les dégâts causés par la violence et ceux dûs à la délinquance patronale. En effet, en 2000:
-617 homicides ont été perpétrés. Ce chiffre stagne depuis les années 70 autour de 600.
-Dans le même temps il y eut 600 morts dans des accident du travail, mais également 193 142 accidents graves causant 9829 mutilés et 267 morts dans l'unique secteur du BTP, pour lequel les statistiques sont mieux fournies!

De façon indirecte; les ouvriers et les employés ont:
-3 fois plus de risque de mourir de cancers des voies digestives ou de maladies cardio-vasculaires que les cadres
-Un taux de suicide 3 fois supérieur.
-Un taux d'infarctus 2 fois supérieur (contrairement à une idée reçue tenace du cadre quarantenaire stressé mourant de crise cardiaque.
-Un risque de décès lié à l'alcool 10 fois supérieur

En revanche si nous comparons les moyens déployés pour protéger la population de ces violences:
-d'un coté: 17OOO policiers municipaux, xxxxxxx gendarmes, xxxxxx policiers nationaux.
-De l'autre: 1250 inspecteurs et contrôleurs du travail, assistés de 35 médecins et de 13 ingénieurs, supervisant 14 millions de salariés et constatant pus d'un million d'infractions par an. Seules 3% de ces infractions, soit 30 000 donnent lieu à des observation, à cause du peu d'effecti déployé. Et parmi ces 30 000 infraction, seul un quart, soit 7500, débouchent sur des condamnation (des amendes dans 85% des cas).

A risque mortel égal pour les usagers, et avec des risques sanitaires et de mutilation bien plus élevés dans le cas de la violence du travail; les prisons sont pourtant bien plus remplis par les petit-délinquants que par les cadres et patrons voyous:
En 1998, par comparaison à 1993: 11 fois plus de peines de 5 ans et plus ont été prononcées, 3 fois plus de peines supérieures à 10 ans, et 2 fois plus de condamnation à perpet'.

Concernant la charge médiatique: en 2001, dans les principaux JT (13 heure et 20 heure de TF1 France 2), sur environ 20 000 reportage:
2380, soit 12% concernaient l'insécurité et 4, soit 0,02% les accidents du travail... 600 fois moins.
L'ouvrage de Tissot et Tevanian rappelle de plus, que, contrairement au préjugé, le lieu le plus dangereux n'est pas l'espace public (rue, transport en commun) mais bien le foyer. On a bien plus de chance d'être battu, violé ou tuer par un proche ou un parent (malheureusement) que par un quelconque racaillou, même si il fait de la boxe thaï.

La délinquance est un problème réel, mais son traitement et la disproportion des moyens employés, ace à d'autre enjeux aussi, voire plus, important est avant tout lié aux représentation. Par leur aspect choquant et inattendu les agressions marquent plus qu'une blessure au travail liée à l'absence de protection de base, risquant de baisser la productivité...

Thomas Vogt